Source : Les Echos
Dans le sud-est du Val-d'Oise, le sort du Triangle de Gonesse anime la vie économique et politique depuis plus de 15 ans. Exit Europacity, le triangle de Gonesse va désormais accueillir une cité scolaire internationale et un pôle d'entreprises spécialisées dans la tech. Grand Paris Aménagement et les élus locaux tablent sur l'attractivité du métro pour attirer les investisseurs une fois la ZAC consolidée.
Quel avenir pour le Triangle de Gonesse ? Une fois définitivement tournée la page Europacity, fin 2019, il faut trouver une alternative pour ce bout de terre très convoité, au sud-est du Val-d'Oise. Face à la gronde des élus locaux, Jean Castex, alors Premier ministre, dévoile en 2021 les grandes lignes d'un nouvel aménagement dans le cadre d'un « plan Val-d'Oise ». Il n'est plus question de zones commerciales démesurées mais d'un programme mixte, plus modeste, associant établissement scolaire et zone d'activités autour d'une gare de la ligne 17 du Grand Paris Express.
C'est un haut fonctionnaire familier des questions d'aménagement, Francis Rol-Tanguy, qui est chargé de mener les réflexions. Pour piloter la ZAC désormais réduite à 110 hectares au lieu de 300, une SPLA-IN composée de Grand Paris Aménagement (GPA) et des collectivités territoriales, est créée. « Il est question de redonner un espoir et de désenclaver l'un des territoires qui fait face aux plus grandes difficultés que connaît l'île de France », justifie Jean-Philippe Dugoin-Clément, président de Grand Paris Aménagement et vice-président de la région Île-de-France.
Pôle d'excellence scolaire
La locomotive du projet entourant la gare a bien changé. Il s'agit désormais d'une cité scolaire internationale composée d'un collège de 600 places et d'un lycée de 1.750 places avec un internat. Son coût est estimé à 180 millions d'euros. Une exploitation agricole de 5 hectares, un gymnase et le Centre national des arts de la rue et de l'Espace public sont également dans les cartons. Pour le reste, il s'agit d'attirer des entreprises avec une offre mixte de hangars, d'ateliers de production industrielle et de bureaux, prioritairement destinés à l'agritech. Quand Europacity promettait 10.000 emplois, cette fois, les aménageurs sont plus prudents et n'avancent plus de chiffres.
Un temps évoquée, la piste de l'implantation d'une administration d'Etat délocalisée sur le Triangle n'est plus défendue par les porteurs du projet. De même que l'implantation d'activités de la Semmaris dans le cadre du déploiement d'Agoralim - l'extension du marché de Rungis - semblerait se limiter à un centre de formation en lien avec la cité scolaire internationale.
"Il est question de redonner un espoir et de désenclaver l'un des territoires qui fait face aux plus grandes difficultés que connaît l'île de France", selon Jean-Philippe Dugoin-Clément, président de Grand Paris Aménagement et vice-président de la région Île-de-France.
« Sur ce territoire, le besoin d'outils scolaires de qualité avec collèges, lycées et internat est majeur tout comme celle du développement économique en mettant ce territoire à moins de 30 minutes de la Défense et de la Gare du Nord », pointe l'élu. Sous les avions des aéroports de Roissy-CDG et du Bourget, le Triangle de Gonesse est soumis à de très fortes contraintes d'urbanisme inscrites dans le cadre du Plan d'exposition au bruit (PEB) qui y interdit toute construction de logements et limite, de fait, l'équilibre du quartier de gare à de l'activité économique.
Forte attente locale
Critiqué pour son envergure, le projet initial est sensiblement plus modeste. L'aménagement réel des équipements est désormais réduit à 64 hectares. « On est rentré dans des logiques d'aménagement différentes, où l'on artificialise beaucoup moins, et on prévoit de ne le faire que lorsqu'il n'y a pas d'autres possibilités », analyse le président de GPA.
Les élus tablent sur la future attractivité du site et de son insertion dans tout le réseau du Grand Paris Express pour faire venir des investisseurs. « On jouxte des territoires qui ont un besoin d'emploi énorme et le foncier disponible dans la périphérie du hub aéroportuaire et économique de Roissy se raréfie. Je n'ai pas d'inquiétude sur l'équation économique de la ZAC », assure Philippe Dugoin-Clément. Selon lui, les investisseurs se feront connaître une fois la ZAC bien ficelée et purgée de recours. « Le fait que ce soit un aménageur d'Etat qui porte au travers de GPA, c'est aussi un élément de sécurisation extrêmement fort. », ajoute-t-il.
Après moult rebondissements, les élus locaux veulent croire que cette fois est enfin la bonne mais ils s'impatientent. « Les projets sont en cours, mais tout ça est très long, nous aimerions que cela aille plus vite. Ce sont des projets quand même assez lourds et structurants, mais qui demandent des commandes et des validations administratives », indique de son côté Pascal Doll, président de la communauté d'agglomération Roissy Pays de France et de la SPLA-IN.