Source : Les Echos
Au Nord - Ouest de Paris, les établissements d'enseignement supérieur essaiment, transformant la physionomie des villes. Cet été, "Les Echos" font étape dans le Val-d'Oise, qui du campus de l'ESSEC à CY, en passant par les écoles spécialisées, voit affluer les étudiants. Sur le site de Neuville-sur-Oise, les étudiants se préparent à analyser les scènes de crimes, avant d'intégrer la gendarmerie ou la police, dans l'unique formation universitaire française destinée aux experts. Avant de se rendre sur une scène de crime, ou de prélever le sang d'une victime pour l'examiner en laboratoire, les experts doivent désormais se familiariser à la science forensique, celle de la recherche et l'interprétation des indices, sur les bancs de la fac. Jusqu'ici formés en interne au sein de la police et de la gendarmerie après des études scientifiques, les techniciens peuvent désormais suivre un cursus universitaire dédié à l'élucidation des scènes de crimes. La formation a ouvert ses portes en 2021 sur le campus de CY Cergy Paris Université à Neuville-sur-Oise (Val-d'Oise). Il s'agit de l'unique école de ce type en France.
Etudes balistiques, biologiques, numériques... les élèves acquièrent les réflexes et raisonnements fondamentaux permettant de fournir des éléments précis et utiles aux enquêteurs et aux magistrats. Chargés de récolter et d'interpréter les preuves matérielles, leur rôle est capital dans le bon déroulé d'une enquête criminelle.
Perfectionner les méthodes
Jusqu'au Master, les élèves se familiarisent avec les études biologiques de l'ADN, à la physique pour manier les microscopes électroniques, ou encore à la chimie organique ou la chimie minérale. Une fois leur diplôme en poche, ils se présenteront au concours de la Police scientifique pour intégrer soit la police ou la gendarmerie.
« Cela offre la possibilité aux étudiants d'être immédiatement mobilisables par les forces régaliennes à partir du moment où ils ont leur concours », précise François Daoust, directeur de CY Forensic School et conseiller municipal de Pontoise . Jusqu'à présent, ils devaient suivre une formation complémentaire et attendre avant de se frotter à la réalité. « Pour eux c'est du gagnant-gagnant d'avoir déjà des techniciens ultra-formés », complète celui était auparavant de l'Institut de recherche de la gendarmerie nationale (IRCGN) et actuel directeur du Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN).
Tremplin professionnel
Cette formation universitaire vient pallier un manque en France. « On se gargarise d'avoir une tradition de police scientifique avec Bertillon et Locard mais, au contraire de la Suisse et du Canada, nous n'avions pas de parcours universitaire dédié à la science forensique », remarque François Daoust. C'est une nouvelle étape dans la professionnalisation de la profession, alors que le niveau des techniciens scientifiques français n'a eu de cesse de progresser depuis les incroyables ratés de l'affaire du petit Grégory.
Les étudiants se bousculent au portillon. Pour la deuxième année consécutive, 600 bacheliers se sont portés candidats pour seulement 20 places. Le diplôme, par ailleurs, ne les cantonnera pas à ces missions. Adossé à une licence de biologie, il offre d'autres perspectives dans le domaine de l'assurance ou de l'industrie.