Source : Les Echos
A Goussainville, dans le Val-d'Oise, une plateforme de distribution alimentaire entre agriculteurs et restaurateurs doit ouvrir ses portes en 2027 dans le cadre du programme Agoralim porté par la Semmaris. Une nouvelle place de commerce de gros qui doit y générer 1.500 emplois.
La création d'une nouvelle place de commerce de gros alimentaire au nord de l'Île-de-France devient de plus en plus concrète. A Goussainville, dans le Val-d'Oise, le programme de transformation et de distribution alimentaire Agoralim porté par la Semmaris va se traduire par l'installation d'un espace de négociation entre agriculteurs et restaurateurs. Il s'agira du premier des différents sites du futur « Rungis du nord » appelé à s'installer sur quatre communes.
L'ouverture du site de 130.000 m2 de surfaces sur 27 hectares est prévue pour 2027. Le budget d'aménagement du site est, lui, estimé à 300 millions d'euros. Baptisé « Agora des producteurs », le projet fait actuellement l'objet d'une consultation publique en vue de sa reconnaissance comme Programme d'intérêt national (PIG) par les services de l'Etat, afin d'accélérer le rythme des acquisitions foncières des 185 parcelles nécessaires.
Point de vente et noeud logistique
La création de cet espace répond à un double usage pour les professionnels de l'agroalimentaire et un besoin dans les infrastructures d'approvisionnement de la région, de plus en plus peuplée. « Il existe aujourd'hui une pénurie d'offre d'immobilier logistique sous froid pour la distribution alimentaire, ainsi qu'un manque d'outils de transformation de proximité en Ile-de-France, notamment sur la filière fruits et légumes », justifie le gestionnaire du marché de Rungis.
Ce carreau des producteurs sera à la fois un espace de vente et un espace de stockage des denrées afin de les distribuer aux restaurateurs et primeurs des départements nord franciliens, comme la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise , en pleine croissance démographique. Avec ce rééquilibrage géographique par rapport au site de Rungis au sud de Paris, la Semmaris ambitionne de réduire de 16 % les kilomètres parcourus pour le transport de denrées.
« Des services logistiques de type drive, ramasse ou bourse de fret pour les chaînes logistiques courtes leur seront également proposés », précise la Semmaris aux producteurs dans le dossier de présentation ouvert au public. En outre, une plateforme de vente en ligne nommée « Agoralim direct » mettra en relation les producteurs et acheteurs professionnels pour faciliter le sourçage des produits locaux.
Distribuer, former, sensibiliser
Avec Goussainville comme centre névralgique, le projet alimentaire ambitionne d'être bien plus qu'un point de distribution. Non loin de là, à Gonesse, sur le très contesté Triangle où une gare de ligne 17 du Grand Paris Express est en train de sortir de terre, un établissement de formation doit voir le jour. Cette « Agoralim académie » doit contribuer à former les futurs professionnels de l'alimentation durable. Des programmes d'accompagnement pour la recherche associant des start-up sont également prévus. Un volet sensibilisation à l'égard des plus jeunes sera aussi mis en place.
Attendu de pied ferme par les acteurs économiques et les élus locaux, le projet ambitionne de créer un nouvel an économique dans l'est du Val-d'Oise, touché par de fortes difficultés sociales. Au total, ce sont 4.000 emplois qui doivent être créés dont 1.500 rien que sur le site de Goussainville. Outre la création d'emplois, l'enjeu d'Agoralim est également de contribuer à diversifier le tissu économique d'un territoire dépendant de la plateforme aéroportuaire de Roissy, dont la crise du Covid-19 a démontré la vulnérabilité.
Opportunité économique
Dans la ville populaire de Goussainville et ses 31.000 habitants, le programme est particulièrement attendu. « C'est une occasion de créer un poumon économique qu'il ne faut pas laisser passer, cette ville et tout l'est du Val-d'Oise en ont besoin », témoigne Abdelaziz Hamida, le maire (SE) de Goussainville. « Ces deux dernières années, je recevais chaque mois des propriétaires se demandant si le projet allait vraiment se faire. Tout le monde a en tête l'abandon d'Europacity , mais cette fois-ci nous avons plus de gages », appuie-t-il.
Dans les autres villes destinées à accueillir des activités d'Agoralim, l'enthousiasme est plus mesuré. Les communes de Roissy-en-France, Bonneuil-en-France et Gonesse voient d'un mauvais oeil un surplus d'activités logistiques et craignent que l'ambitieux programme fasse un flop.
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