Industrie : "Ces 183 territoires choisis par l'Etat pour réussir sa politique industrielle" (Article Les Echos)

1594706232873394480
Source : Les Echos

EXCLUSIF - Six ans après la première phase, l'Etat annonce ce jeudi les nouveaux Territoires d'industrie où seront fléchés jusqu'en 2027 les efforts de réindustrialisation. Doté de 100 millions d'euros la première année, le programme vise à accompagner en priorité les projets liés à la transition écologique.

La nouvelle carte était attendue avec impatience. Dévoilés en exclusivité par « Les Echos », 183 Territoires d'industrie doivent être annoncés ce jeudi par le gouvernement devant un parterre d'élus de toute la France, réunis sur deux jours à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Six ans après le lancement de la première édition, qui avait vu 149 périmètres sélectionnés pour relancer leur industrie, l'Etat reconduit le dispositif en augmentant le nombre de lauréats et en renforçant les actions jusqu'en 2027. Fait majeur : il s'appuie cette fois-ci sur la force de frappe de France 2030, bras armé de la stratégie industrielle.

Copiloté par les ministres Christophe Béchu (Transition écologique), Roland Lescure (Industrie) et Dominique Faure (Collectivités), ce programme associe l'Etat, les industriels et les élus locaux pour venir au secours de zones frappées par la désindustrialisation. Présenté comme le « volet territorial de la politique industrielle », il se distingue par « sa capacité à faire émerger les projets du terrain, à traiter des enjeux transverses, à sortir d'une logique pure de filière que l'on avait jusqu'alors », analyse Guillaume Basset, ex-délégué aux Territoires d'industrie.

Une quinzaine de métropoles

Pour cette nouvelle carte, quasiment tous les territoires déjà labellisés en 2018 ont recandidaté cet été. Au final, 107 sont identiques, 47 ont été reconfigurés (extension à d'autres intercommunalités, fusion, etc.) et 29 sont complètement nouveaux, dont une quinzaine de métropoles à forte identité industrielle (Grenoble, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Lille, Nantes...). Contrairement à la phase 1, les villes étaient éligibles.

Au total, 630 intercommunalités sont impliquées pour cette nouvelle phase, contre 551 il y a six ans, chaque Territoire d'industrie regroupant quatre collectivités au maximum. « L'idée est d'encourager la coopération locale. On a donc poussé à la fusion de candidatures », précise Jean-Baptiste Gueusquin, directeur du programme Territoires d'Industrie.

Dimension verte

Toutes les régions, y compris l'Outre-mer, sont servies, de manière assez équilibrée, même si le Grand Est est le territoire le plus couvert, avec une centaine d'intercommunalités regroupées dans 20 Territoires d'industrie, devant Auvergne-Rhône-Alpes (70 intercommunalités dans 24 Territoires d'industrie), première région industrielle de France, ou les Hauts-de-France (56 intercommunalités dans 17 territoires). L'Ile-de-France plafonne à 11, tandis que PACA n'en compte que 8.

« Il n'y a eu aucune stratégie d'aménagement du territoire, d'objectif de répartition. Le faible nombre en Ile-de-France s'explique par le nombre limité d'intercommunalités », commente Jean-Baptiste Gueusquin. Ces 183 territoires représentent 68 % de l'industrie française et 2 millions de salariés industriels.

Comme annoncé en mai dernier par Emmanuel Macron, 100 millions d'euros issus du Fonds vert seront dédiés sur un an à ce programme. Si le dispositif a été prévu sur cinq ans, c'est chaque année que la nouvelle enveloppe sera discutée. On est donc loin du « quoi qu'il en coûte » post-Covid de la première édition, qui avait, au global, - comme l'a rappelé le chef de l'Etat - été financée en partie par les « 2 milliards d'euros » destinés à soutenir l'industrie, dont 750 millions de France Relance abondés par les opérateurs (Ademe, Banque des territoires, régions, etc.).

« Certes, l'enveloppe paraît moins importante mais, pour la première fois, ce sont des moyens dédiés », souligne Virginie Carolo-Lutrot, maire (divers droite) de Port-Jérôme-sur-Seine, présidente de Caux Seine Agglo (Seine-Maritime), qui a travaillé avec l'Etat à l'élaboration de l'outil avant 2018. Au total, plus de 1.800 actions avaient été identifiées dans la phase 1 (contre 2.150 cette fois-ci). Difficile aujourd'hui de dresser le bilan des emplois créés, aucune compilation des réalisations n'ayant été faite.

Comme en 2018, les financements serviront à soutenir les investissements industriels en majorité portés par des PME (achat de machines, extension de ligne, innovation, etc.) et des besoins de compétences (école de production, formations, logement pour les salariés, etc.) L'accompagnement en ingénierie, par le biais des cabinets de consultants sélectionnés par l'Etat, sera financé.

Mais cette fois-ci, quelques thématiques sont prioritaires : le foncier, devenu la préoccupation numéro un des élus, qui s'articulera avec les sites clés en main gérés par France 2030, et la transition écologique. « Tous les projets soutenus devront avoir une dimension verte. Une entreprise qui se modernise, ce n'est pas suffisant », tranche Jean-Baptiste Gueusquin.

« Pas le Père Noël »

La philosophie du programme n'a pas changé. Les grandes lignes sont reprises : une gouvernance partagée entre un industriel et un élu, une liste d'actions prédéfinies et détaillées, un dialogue local. L'idée est de reprendre ce qui marche, « les chefs de projets, les missions Rebond et la philosophie 'bottom-up' qui fait remonter les initiatives de terrain, l'Etat apportant juste la boîte à outils », énumère Jean-Baptiste Gueusquin. Les leçons ont été tirées des succès, comme Béthune-Bruay, qui a réussi à tourner la page Bridgestone, Lacq-Pau-Tarbes, avec un millier d'emplois recréés à la fin de cette année, ou Alès, longtemps essorée par la fermeture des mines.

Dans le dossier de la communauté de communes du Pays de Château-Gontier (Mayenne), une école de production en métallerie-soudure a pu voir le jour, répondant au besoin de main-d'oeuvre des industriels. « L'intérêt du dispositif, c'est qu'il redonne la main au local. Il dynamise et catalyse les actions. Mais ce n'est pas une liste de course au Père Noël ; il faut démontrer sa capacité à le faire », détaille Erwan Coatanéa, président de Sodistra, fabricant de centrales de traitement d'air, qui a piloté ce Territoire d'industrie.

Un dispositif pour aider les entreprises des Territoires d'industrie à recruter

D'autres ont déçu, souvent plombés par une dynamique collective qui n'a pas pris. C'est le cas dans les Vosges saônoises, le bassin de Brive-Périgord ou l'Axe Seine, qui regroupait pas moins de huit intercommunalités en Normandie.

« Missions commando »

Des corrections ont été apportées pour gagner en efficacité : des périmètres plus petits, pas plus d'une dizaine d'actions, la généralisation des chefs de projets. Alors que ces postes concernaient jusqu'alors un Territoire d'industrie sur trois, ils seront systématiquement déployés, cofinancés par l'Etat (4 millions d'euros en plus sur le budget du ministère des Collectivités) et l'intercommunalité. Volet phare, les missions Rebond, sortes de « missions commando » pour les plus en difficultés, vont passer de 20 à 40, avec une enveloppe de 100 millions d'euros supplémentaires pilotée par France 2030.

L'implication des régions, copilotes avec l'Etat pour valider les projets, est importante pour que le dispositif soit lisible auprès des industriels. Certaines, qui font valoir leurs propres outils de réindustrialisation, rechignent à faire la promotion de la politique de l'Etat, comme Auvergne-Rhône-Alpes. « Elles estiment que l'Etat vient marcher sur leur plate-bande ; c'est dommage », regrette un élu local. Pour Virginie Carolo-Lutrot, un des enjeux de cette phase 2 sera « de simplifier et [d']aller plus vite » : « Les décisions sont parfois longues à prendre avec ces trois ministères de tutelles... ».

www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/ces-183-territoires-choisis-par-letat-pour-reussir-sa-politique-industrielle-2027682

Partagez cet article sur les réseaux sociaux >>>

Accès au CNER Eurada Festival d'Auvers logo made in 95  Conseil Général du Val d'Oise Région Ile de France logo Paris Region   logo Paris CDG Alliance

Lettre d'informations

Abonnez-vous à notre lettre économique mensuelle : des informations pratiques sur le Val d'Oise et ses entreprises.

Abonnement magazines

Pour recevoir gratuitement le magazine économique et/ou les cahiers technologiques. Accéder au formulaire.


Rester connecté au Ceevo :
 

Prochain Apéritif Contact

"Exporter à l'international, comment maitriser les risques juridiques et fiscaux du contrat international ?"

Conseil départemental du Val d’Oise - 2 avenue du Parc - Bâtiment F - 3ème étage - CERGY

Contacts

2, avenue du Parc - CS 20201 Cergy
95032 CERGY-PONTOISE cedex France
 This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
 +33 (0) 1 34 25 32 42

Tous les bureaux du Ceevo